• Mon ami Claude qui vit à Terrace dans le nord ouest de la Colombie Britannique, vient de m'apprendre une bien triste nouvelle.

    Petit retour en arrière: les quelques milliers de hectares de forêt primaire entre Terrace et Meziadin Lake recèlent un trésor unique au monde: il s'agit d'un ours à la robe couleur crème, le Kermodei Bear, une variante de l'ours noir. A peine 400 individus vivent dans ce coin perdu près de l'Alaska, et il ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde!

    Ce n'est qu'au bout de quatre années de visites régulières dans la région qu j'ai pu photographier mon premier  et seul Kermodei, le long du highway en mai 2006 (la photo, c'est lui ou plutôt elle, âgée de 2 ans et demi). Une jeune femelle donc, en très bonne santé, une de ces futures mères capable de perpétuer l'espèce. Pas farouche, faisant confiance à l'homme, elle était connue de tous ceux qui fréquente régulièrement le secteur.

    Et puis ce printemps, ce fut le drame! Lorsque Claude m'en a parlé, j'ai d'abord pensé à un accident de la circulation. En effets les chocs avec les camions grumiers ne sont pas rares et toujours fatals aux ours. Car le grand danger pour l'espèce, c'est l'homme qui rase des pans entiers de forêt et qui tue lors du transport du bois.

    Mais cette fois-ci, les raisons de la mort sont tout autres! L'impensable, l'inacceptable s'est produit: notre amie fut abattue par balle! Celle d'un chasseur? Ou celle d'un braconnier? La Police Montée pense que non, car il aurait dépecé l'animal pour récupérer la fourrure. Etait-ce un promeneur qui se sentait menacé? Non plus, car notre ourse n'est pas du genre à impressionner, encore moins à agresser. Reste l'hypothèse de l'assassinat gratuit, par un type probablement ivre, qui n'a trouvé d'autre distraction que de faire un carton!

    Que faire? Mettre un garde derrière chaque buisson? Interdire les armes? Eduquer? Le moyens de surveillance ne seront jamais suffisants sur ces immenses territoires, la chasse fait partie de la "culture" des Canadiens (je rappelle que je réprouve tout acte de cruauté, donc la chasse). Reste à former les jeunes, mais peut-on lutter contre la cruauté, la connerie?

    Reste à espérer que l'auteur de cette atrocité se démasquera lui-même, par vantardise. Cela est déjà arrivé par le passé. Il risque alors une très forte amende, la saisie de toutes ses armes et une interdiction de chasser à vie. Malheureusement rien ne redonnera la Vie à notre ourse, rien ne pourra réparer l'atteinte à la biodiversité, en l'occurence une espèce rare et protégée.

     


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  • Qui n'a rêvé de rencontrer un jour un loup dans le Grand Nord Canadien? Passionné par les histoires de Jack LONDON, j'ai toujours attendu ce moment exceptionnel, unique, mythique, de la rencontre avec Canis Lupus (photo Gary Kramer, US fish and wildlife service).

    Mais  voilà, le loup a trop souffert de la cruauté de l'homme qui depuis la nuit des temps l'a toujours  chassé, piégé ou empoisonné, sous des prétextes aussi stupides que futiles: mangeur d'hommes, dévoreur de bétail, ou simplement concurrent sur un territoire de chasse. L'automne dernier j'ai croisé KEITH, un chasseur; nous avons parlé de la chasse à l'élan et voilà qu'il m'explique qu'il vient d'abattre un loup "car il venait vers moi, ne semblait pas m'avoir vu, j'ai donc tiré". Résultat, un cadavre qui traîne sur le bord du chemin, un massacre gratuit, car finalement "sa fourrure n'avait pas une qualité commerciale"! Vous comprenez maintenant que le loup évite et fuit l'homme comme la peste! Il a trop souffert et préfère se tenir sous le couvert de la forêt primaire, à l'abri des rencontres mortelles.  

    Lorsque j'interroge mon ami GERRY sur les chances de voir la bête du Gévaudan, il me prend au mot et me dit "suis-moi". Nous étions confortable installés sur un canapé dans sa maison à Stewart, une Yukon Gold (oui, on fabrique de la bière là-haut!)  à la main. En fait de maison, Gerry a racheté l'ancien poste de la Police Montée Canadienne! Son rez-de-chaussée est toujours équipé d'une vraie cellule, avec barreaux, WC et paillasse, ainsi que des dessins sur les murs, "fresques rupestres" d'un prisonnier qui tuait le temps et comptait les jours ! Donc Gerry m'entraîne à l'étage inférieur, ouvre la porte de la cellule, et que vois-je? Un gigantesque loup empaillé, un cadeau d'anniversaire pour son épouse. Si la vue de l'animal empaillé ne me réjouit pas particulièrment, je suis surpris par sa grande taille, vraiment impressionnante.

    Une autre fois, c'est LARRY qui me fait rencontrer le loup, ou plutôt sa peau au fond d'un congélateur. La chasse au loup n'est toujours pas interdite, et tout chasseur par ailleurs titulaire d'une licence et d'un "ticket" peut abattre un loup par saison.

    Mais passons ces rencontres macabres et retournons vers ce lieu mythique qu'est Meziadin Lake. Une nuit au bord du lac reste un évènement gravé jamais dans votre mémoire. En fin de journée le vent fléchit, l'onde lisse est embrasée par le soleil couchant et plus tard la lune montante viendra s'y refléter. Un cri très particulier traverse l'atmosphère et nous fait frissonner: c'est le plongeon arctique, un oiseau des milieux aquatiques, pêcheur solitaire en-dehors de la période de reproduction.

    Installés au bord du lac, j'ai allumé un feu qui nous réchauffe car mi-septembre les nuits s'annoncent déjà fraîches. Deux truites grillent au bout d'une baguette de cornouiller et nous ne tardons pas à nous restaurer, puis à dérouler nos sacs de couchage dans le Dodge qui nous servira d'abri pour la nuit. Après une journée au grand air, Morphée vous appelle et votre esprit vagabonde.

    Impossible de vous dire vers quelle heure, mais en pleine nuit nous sommes réveillés par des bruits autour du véhicule: soudain s'élève un "concert" de voix, celles de Canis Lupus. Une meute s'est rapprochée de nous pour entammer leur chant de ralliement. Unique, indescriptible, frissons garantis! Mais le temps de me lever et d'allumer les phares, le spectacle s'achève et nous restons sur notre faim. Nous n'avons toujours pas vu le loup.

    Quelques jours plus-tard, nous sommes installés à la table de MIKE, qui tient la seule pizzeria au nord de Terrace et au sud du Yukon, en gros à 1000 km à la ronde! MIKE a quitté le Texas pour s'installer à Hyder au fond du Portland Canal, le fjord qui fait la frontière entre la Colombie Britannique et l'Alaska. L'été lui et sa femme servent des petits déjeuners aux campeurs, et dès midi il fait chauffer le four construit de ses mains, alimenté au bois coupé de ses mains, pour préparer des pizzas à la pâte pétrie par ses mains! "Home made", c'est sa marque de fabrique. Mais là ne s'arrête pas l'originalité du lieu, car en quittant nuitamment la pizzeria, vous pouvez rencontrer au gré des saisons, un loup ou encore un ours. MIKE est intarissable sur la faune avec qui il cohabite dans ce coin perdu d'Alaska.

    Finalement, ma première rencontre avec le loup eu lieu en octobre dernier, là où je ne l'attendais pas. Avec mon ami Claude nous venions de faire le pied de grue sur la rive nord de Meziadin Lake pour surprendre quelque grizzly. Mais la pression d'un "outfitter", c'est-à-dire d'un canadien "agréé" pour guider de riches américains à la chasse à l'ours fait que fait que les grizzlys sont devenus extrêmement rare dans le secteur. Au point que je m'interroge sur l'impact écologie de ces "prélèvements" contrôlés; j'ai d'ailleurs bombardé l'administration des eaux et forêts à Victoria d'e-mails leur demandant d'interdire cette pratique. Je verrai en août prochain si la situation a changé.

    Mais revenons à nous loups. Avant de rejoindre la cabane de Joe où nous passions nos nuits, nous nous arrêtâmes une dernière fois près de Hanna Creek. Nos yeux étaient tournés vers la rivière regorgeant de saumons, lorsqu'arriva vers nous une silhouette connue, du moins le pensions-nous. Car nous n'avions aucun doute, il ne pouvait que s'agir  de Curly, le chien de Larry. Et ce n'est qu'au tout dernier moment, alors qu'il était à vingt mètres de nous, que le loup stoppa net. Canis Lupus releva sa tête,  prit le vent et disparut aussitôt dans le fourré! Instant furtif, instant volé, aucune photo pour témoigner, mais quelle émotion! Quel bonheur d'avoir enfin vu, de mes yeux vu un loup sauvage, dans son écrin naturel, Meziadin!


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  • Mon ami Claude BELLANGER de Terrace en Colombie Britannique vient de m'appeler pour me donner une bien triste nouvelle.

    Petit retour en arrière: les quelques milliers de hectares de forêt entre Terrace et Meziadin Lake recèlent un trésor unique au monde: il s'agit d'un ours à la robe crème, le Kermodei Bear , une variante de l'ours noir. A peine 400 individus vivent dans ce coin perdu près de l'Alaska, et ils ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde!.

    Ce n'est qu'au bout de quatre années de visites régulières dans la région que j'ai pu photographier mon premier et seul Kermodei, le long du highway en mai 2006. Une jeune femelle, en très bonne santé, une de ces futures mères capables de perpétuer l'espèce. Pas farouche, faisant confiance à l'homme, elle était connue de tous ceux qui fréquentent régulièrement le secteur.

    Et puis ce printemps, le drame s'est produit. Lorsque Claude m'en a parlé, j'ai d'abord pensé à un accident de circulation. En effet les chocs avec les camions grumiers ne sont pas rares et toujours fatals aux ours. Car le grand danger pour l'espèce, c'est l'homme qui rase des pans entiers de la forêt et qui tue lors du transport du bois.

    Mais cette fois-ci, les raisons de la mort sont tout autres! L'incroyable, l'inimaginable s'est produit: notre amie fut abattue par balle! Celle d'un braconnier? La police pense que non, car il aurait dépecé la bête pour récupérer la fourrure. Un promeneur se sentant menacé? Non plus, car notre ourse n'était pas du genre à impressionner, ni à agresser. Reste l'hypothèse de l'assassinat gratuit, par un type probablement ivre, qui n'a trouvé d'autre distraction que de faire un carton!

    Que faire: mettre un garde derrière chaque buisson? Interdire les armes? Eduquer? Les moyens de surveillance ne seront jamais suffisants sur ces immenses territoires, la chasse fait partie de la "culture" des Canadiens (je rappelle que je suis opposé à la chasse). Reste à former les jeunes, mais peut-on lutter contre la cruauté, la connerie?  

    Reste à espérer que l'auteur de cette atrocité se démasquera lui-même, par vantardise. Cela et déjà arrivé par le passé. Il risque alors une très forte amende, la saisie de toutes ses armes et une interdiction de chasser à vie. Malheureusement cela ne redonnera pas la Vie à notre Kermodei...


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  • SEPTEMBRE 2004: me voilà dans le nord ouest de la Colombie Britannique, une région aux multiples facettes. pour la petite histoire, c'est en juillet 2003 que j'ai pour la première fois visité ce coin de paradis. Nous avions passé le week-end au Rodéo de Calgary et notre décision de poursuivre vers l'ouest fut prise le dimanche soir, en dépliant une carte sur l'herbe mouillée du camping. Pourquoi ce choix? Une seule route est tracée sur la carte, pas d'agglomérations, et donc une région potentiellement riche en faune.

    A l'automne 2004 donc, j'avais devant moi trois semaines pour explorer les trésors le long du Cassiar Highway. Au village de Stewart, des locaux me parlent avec enthousiasme de Meziadin Lake, un lac qui se faufile dans une ancienne vallée glaciaire. Réputé pour accueillir tous les ans quatre cent à cinq cent mille saumons qui remontent du Pacifique, Meziadin est un lieu idéal pour pêcher, rencontrer des ours et voir les aigles tournoyer au-dessus de l'eau. Une trentaine de kilomètres de long, 3 kilomètres de large en moyenne: le flanc ouest du lac est matérialisé par une arrête de la chaîne des montagnes côtières, qui plus à l'ouest culminent à plus de 2300 mètres. Tout en haut, se trouve un plateau couvert de vestiges de la dernière époque glaciaire, le Cambria Icefield.

    Pêcher dans le lac, oui, mais comment faire sans une petite embarcation qui vous permet d'atteindre les bons spots, c'est-à-dire les trous où les poissons se rassemblent? Sur la route vers Meziadin, je m'arrête donc à la Junction pour faire le plein et j'interroge la  propriétaire. Sa réponse fut immédiate: "sans bateau, il te reste la rivière, à 2km de là. Hanna Creek est  facile d'accès depuis le pont, tu t'installes sur la berge, tu  verras, les saumons seront là".

    En effet, la petite Hanna Creek regorge de saumon sockeye, des arlequins fascinants à la tête verte et au corps rouge écarlate. Après un quart d'heure d'exploration pour choisir "mon" spot, j'étrenne ma canne à lancer, muni d'un leurre en métal scintillant, il paraît que c'est très efficace. Effectivement, les touches se succèdent et après quelques loupés, je ramène sur la grève un saumon qui s'est jeté sur le leurre, plus par excitation que par faim.

    Car une fois eau douce, les saumons cessent de s'alimenter. Ils ont compris que l'heure de la reproduction a sonnée, et toute leur énergie est maintenant consacrée à perpétuer l'espèce. Les petits "smolts" -c'est le nom de l'alevin- qui sont devenus adultes après quatre à cinq années de vie en haute mer, reviennent ainsi sur le lieu de leur enfance avant de mourrir d'épuisement, mais après avoir complété le cycle de la Vie.

    Au prise avec "mon" premier saumon, je ne suis guère attentif au buisson sur ma gauche. Lorsque ma compagne me fais des grands signes, je considère tout d'abord cela comment un encouragement au pêcheur débutant que je suis. Ce n'est que lorsque j'entend bruisser le cornouiller que je finis par comprendre! Je laisse sur place mon matériel et je rejoins le chemin en contre-haut, histoire de voir l'évolution de la situation. A ma grande surprise, arrive une mère grizzly accompagnée de son petit, que dis-je, un ourson âgé d'environ deux ans! Quelle image! Quelle émotion! Le temps de prendre une photo, et voilà nos deux ours au mileur de Hanna Creek, trop occupés à pêcher pour s'intéresser à moi. Morale de l'histoire, imprimée en gras sur tous les guides de pêche: "never fish the same spot", en clair évite de partager un bon coin de pêche avec le grizzly!

    Une autre fois, ce sont les oiseaux qui m'ont accompagné. Sur la berge du lac, j'ai pris l'initiative de vider un saumon pour mieux le conserver. A ma grande surprise, le grand corbeau s'est rapidement "mis à table" pour nettoyer les restes. Mais il n'était pas le seul prétendant, et rapidement un aigle pêcheur immature lui disputa les restes. L'aigle pêcheur, ou pygargue à la tête blanche, est un oiseau majesteux, très farouche, difficile à photographier. Par contre les jeunes semblent moins inquiets et se rapprochent volontiers de l'homme: c'est alors un grand moment de bonheur que de les voir tournoyer dans les airs, s'exercant au vol en piqué pour mieux capturer un saumon qui fend les ondes de Meziadin... 

    Le passage de l'enfance à l'adolescence est un acte brutal pour un aiglon. En 2004 sur les bords de Gnat Lake à la frontière entre la Colombie Britannique et le Yukon, j'ai assisté à une scène "d'abandon". En effet, vers la fin de l'été alors que le jeune est toujours au nid et est nourri par ses parents, ces derniers décident de le laisser seul, afin qu'il prenne ses responsabilités. A la nuit tombante, les parents se sont envolés, et ce sont les cris d'angoisse du jeune qui m'ont alerté. L'aire était installée dans un cèdre  sur une petite île, en face de mon feu de camp. Le lendemain, résigné, le jeune quitta pour la première fois son abri pour survoler le lac. Superbe! Un peu hésitant, mais déjà fier de maîtriser les airs! Les jours suivants il s'enhardît et tiraillé par la faim, il apprit rapidement son nouveau rôle de prédateur.

    Ainsi va la vie dans le grand nord, rythmée par les saisons, rythmée aussi par le cycle perpétuel entre prédateurs et proies.

     

    Suite prochainement.


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    QUEL AVENIR POUR LE GULF STREAM ET LES CALOTTES POLAIRES?

     

    Les calottes glaciaires qui recouvrent les pôles datent de la dernière glaciation, voilà 18000 ans, et leur fonte a commencé il y a environ 11000 ans. Ce qui reste aujourd’hui ce sont des vestiges de cette époque.

    Le Groenland, la plus grande île au monde -2000 KM du N au S, 1000KM d’E en O- est encore couverte à 85% de glace. Cette glace s’était constituée flocon après flocon, hiver après hiver la neige s’accumulait pour se transformer en la glace. Depuis le début du 19e siècle, cette glace ancienne se met à fondre à vitesse grand V, avec des conséquences dramatiques.

    Les scientifiques estiment que la fonte des calottes glaciaires des pôles N+S fera monter le niveau des océans, de l’ordre de 40 à 80 cm d’ici la fin du 21e siècle. Si le Groenland n’aura pas les pieds dans l’eau –car comme un flotteur, l’île va remonter par rapport au niveau de la mer- la Hollande sera menacée et devra renforcer ses digues. Des pays bien moins riches comme l’Egypte et le delta du Nil, ou encore le Bengladesh auront la tête sous l’eau : nous assisterons à un exode des populations, ceux qu’on appellera les réfugiés écologiques.

    Le Gulf Stream, ce courant chaud qui assure des hivers doux le long des côtes françaises, souffrira lui aussi des changements climatiques et pourrait modifier son cours, voire disparaître, avec le paradoxe d’un climat plus frais dans un environnement globalement plus chaud !

     

     

     

    QUEL AVENIR POUR LES OCEANS DE LA PLANETE?

     

    Les océans recouvrent les 2/3 de la planète, seul 1/3 du globe représente des terres émergées donc habitables par l’homme. 1/3 de la population mondiale vit à moins de 60 KM des côtes, car c’est la mer qui nourrit l’homme, bien plus que l’agriculture.

    Aujourd’hui, les océans sont devenus une immense poubelle à ciel ouvert : lors de mes voyages en mer, que se soit en Arctique, en Antarctique, ou encore en Amérique du Sud, je fais toujours le même constat : l’homme détruit les océans par le plastique sous forme de bouteilles ou de sachets, de rejets sans traitements d’eaux usées industrielles ou domestiques, de bateaux qui vidangent des matières chimiques, bref l’irresponsabilité totale.

    La pêche est un autre fléau qui appauvrit les océans. En 2003 j’ai rencontré OTTO, un Inuit du Groenland qui était pêcheur. A la question « pourquoi tu ne pêches plus », il m’a répondu : « nous avons vidé l’Atlantique Nord : d’abord c’était le cabillaud, puis ce fut le tour des crevettes ; avec le GPS, on relève le lieu de pêche avant de rentrer à l’usine pour décharger. Quelques heures plus tard, vous êtes de nouveau en mer, en train de prendre 5 tonnes supplémentaires, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’océan se vide".

    L’avenir passera par la mise sous contrôle de toutes les activités liées aux océans : pêche, transport maritime, urbanisme, tourisme, autant de points sur lesquels je reviendrais.

     

     

     

    QUEL AVENIR POUR LES FORETS DE LA PLANETE?

     

    Les premiers hommes sur terre furent d’abord des nomades. Plus tard, pour des raisons pratiques –avoir son propre garde-manger plutôt que de courir après les animaux-, l’homme s’est sédentarisé pour cultiver la terre et élever des animaux. Il commença par couper les arbres, mais cette pratique n’avait pas de conséquences négatives, car les hommes étaient peu nombreux et mal outillés.

    Aujourd’hui, avec l’industrialisation des activités forestières, les forêts du monde disparaissent à la vitesse de la lumière ! En Amazonie, l’équivalent d’un terrain de football est détruit à chaque minute. Ces bois servent à la construction, à faire de la pâte à papier ou encore du mobilier de jardin. En Afrique, on brûle le bois pour faire sécher le tabac qui viendra ensuite nous empoisonner sous forme de cigarette. Lorsque la forêt est attaquée, ceux qui y vivent –les grands singes comme l’orang-outang, ou le gorille-, mais aussi les Indiens d’Amazonie, sont condamnés à disparaître rapidement. Enfin, ces forêts sont des puits de carbone qui aident à préserver la planète, j’y reviendrai.

    Au Canada, des forêts sont replantées après récolte, c’est un moyen de réparer les dégâts, mais cela coûte cher, et les animaux sont de toute manière dérangés et délocalisés par l’arrivée de l’homme et de machines géantes.

     

     

     

    QUEL AVENIR POUR LES SOLS DE NOTRE PLANETE?

     

    Si l’agriculture et l’élevage ont depuis toujours représentés un progrès pour l’homme, à partir de la deuxième moitié du 20e siècle, les choses ont bien changées : l’industrialisation par la mécanisation, les engrais et les pesticides a chassé les paysans de nos campagnes. L’agriculteur s’est effacé au profit d’un industriel courant après la productivité, le profit et les subventions, qu’il s’agisse des cultures ou de l’élevage intensifs.

    L’industrie n’a pas été en reste : les pollutions des sols sont si fréquentes et si graves que ce risque est aujourd’hui placé en tête des critères de sélection pour racheter une entreprise, un peu comme si l’on achetait un cheval a qui l’on fait passer un examen vétérinaire.

    Le constat est sévère, mais les blessures infligées à la Nature nous poussent à regarder la réalité en face : l’appauvrissement de la biodiversité –où sont nos papillons, nos abeilles, nos oiseaux, que sont devenues les plantes et fleurs de nos campagnes- est une réalité. La pollution par les pesticides a fait de notre Planète une terre meurtrière en lieu et place de cette terre nourricière qui avait toujours donné, sans compter et sans rien demander en retour.

    Aujourd’hui, notre terre nourricière est, fatiguée, épuisée par la maltraitance que nous lui avons infligée. Il faudra beaucoup d’argent, de temps et d’efforts pour restaurer les millions de hectares de terres que tous les ans nous abandonnons, un peu comme un kleenex après usage.

     

     

     

    QUEL HERITAGE LAISSERONS-NOUS AUX GENERATIONS FUTURES?

     

    Réfléchissons un instant à l’héritage que nous laisserons aux générations futures, celles de nos enfants, petits-enfants, arrière petits-enfants. Notre frénésie de production et de consommation laissera derrière elle des sites pollués, des centrales nucléaires jamais vraiment éteintes, des forêts disparues, des fleuves pollués et des océans vidés, un biodiversité en piteux état !

    Sans être des nostalgiques du passé, nous devons nous interroger et nous poser la question du sens que nous voulons donner à notre passage sur terre.

    Voilà quelques années j’ai rencontré une équipe d’ethnologues en plein travail sur la côte ouest du Groenland, à Illulisat. Les fouilles étaient organisées dans la toundra, dans la couche supérieure du permafrost qui dégèle le temps du court été arctique. A ma question « cherchez-vous, Bob me répondit : « les vestiges d’une civilisation Inuit qui vécut ici voilà 4000 ans ». Le peuple Inuit autrefois appelé Esquimos, vit depuis 10000 ans en Arctique.

    J’ai cherché à savoir ce que l’équipe avait trouvé et le visage de Bob s’illumina : il déplia un mouchoir pour en extraire des pointes de harpon en os et des pièces de silex taillées, outils indispensables pour chasser puis dépecer le phoque. Il s’agissait là des seules traces laissées par ceux que Paul Emile VICTOR appela la civilisation du phoque.

    Un mouchoir sera-t-il suffisant pour collecter toute la masse de déchets que nous produisons quotidiennement ?

     


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