• ILS CRAQUENT POUR LA GLACE

    DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE, Edition Saverne 22.11.06

    Ils craquent pour la glace!

    Attirés par le blanc comme par un aimant. Qui les guide vers les pôles. Du Groenland à l'Alaska et jusqu'en Antarctique, Serge Wencker et Jean-Louis Imbs brisent la glace et partent à la rencontre des animaux et des hommes. L'un, caméra à l'épaule. L'autre, comme guide polaire.

    Ils craquent pour la glace. Fondent pour la neige. Serge Wencker et Jean-Louis Imbs se sont rencontrés par la grâce d'une passion commune pour les paysages polaires. Les images qu'ils ont rapportées de leurs voyages circulent actuellement sur le canal local de Hochfelden. Et leurs mots seront entendus vendredi matin sur France 3, puis en soirée lors d'une conférence sur le réchauffement climatique. Abonné du canal local, Serge Wencker a longtemps filmé les animations qui, une fois montées, passaient en boucle sur les écrans de la commune. C'est pourquoi, suite à un voyage au Groenland en 2000, le maire de Hochfelden, Gérard Ober, a proposé au conseil municipal de financer le montage des images filmées caméra à l'épaule, « en remerciement de tous les dimanches qu'il consacre à filmer bénévolement ».

    Au Groenland
    grâce à une
    agence de voyage

     Et ce, en contre-partie d'une animation pour les enfants et d'une conférence pour les adultes, pour « faire partager ce bonheur d'avoir quelqu'un de notre canton qui est allé au bout du monde ». Ce quelqu'un, c'est Serge Wencker, habitant de Hochfelden. Un vrai « fou de glace » : « J'ai fait mon service militaire chez les chasseurs alpins ! » Et de raconter les igloos dans la neige construits à l'âge des culottes courtes.
     Amour d'enfance, donc, qui s'est d'abord concrétisé il y a huit ans en Islande. Puis ce fut le Groenland, en 2000, grâce à une agence de voyage. Un périple qu'il a voulu sur le mode père-fils. « Je voulais lui faire un cadeau pour son 70e anniversaire. C'est son plus beau souvenir de voyage ».
     Sur le bateau, à des milliers de kilomètres d'ici, il fait la connaissance de Jean-Louis Imbs, guide polaire qui réside à... Weinbourg ! Le début d'une amitié aventureuse : « On habite à un quart d'heure l'un de l'autre, mais on s'est rencontré au Groenland ! » s'exclame Jean-Louis.
     Les rencontres à l'étranger sont souvent éphémères comme le voyage. Pas pour eux. « Comme d'habitude, à la fin d'un voyage, on se dit qu'on va se revoir, puis il ne se passe rien. Mais au bout d'un an et demi, Serge m'a rappelé pour que je fasse les commentaires de ses images ».
     Car ces deux-là sont complémentaires : Jean-Louis, conseiller en recrutement, part depuis 1999 plusieurs fois par année, pour aider un ami qui a une agence de voyage. Lui, son trip, c'est le voyage. Pas les images. « Moi, je ne me voyais pas avec une caméra sur l'épaule. Lui, il n'est bien qu'avec ça ! »
     Serge : « C'est d'avoir ma caméra dans la main qui m'a poussé à avancer ». Car même s'il a tourné avec sa première caméra en Super 8 dès ses 15 ans, son destin était d'abord de prendre le relais de trois générations de menuisiers ébénistes. Il a donc repris l'entreprise familiale située à Hochfelden en 1995. « J'ai mon but dans l'année. Je bosse pas mal d'heures dans la semaine, mais je sais qu'au bout du compte, je vais voyager ». Désir d'ailleurs lié à une boulimie de belles images : « J'avais toujours cette soif de partir, à cause de la caméra, pour ramener des images. J'ai toujours dit : si je n'avais pas été menuisier, j'aurais fait caméraman. » Pourquoi choisir ? Il a donc fait les deux.

    « Il y a 20 ans,
    notre bateau n'aurait
    pas pu se rendre
    jusqu'ici »

     De leur rencontre est né le projet d'un second voyage. Plus long cette fois : trois semaines au nord de la Colombie-britannique, au Canada, à la frontière avec l'Alaska, en 2004. Jean-Louis avait déjà reconnu les lieux et mesuré son potentiel filmique : « Il y avait là tout ce qui nous intéressait : des glaciers, d'immenses forêts, de gigantesques montagnes, des ours noirs et des grizzlys, plein de saumons... »
     Sur place, ils ont baroudé en toute liberté, hors des contraintes horaires des voyages organisés : « C'est là qu'on a pu prendre le temps. Par exemple, attendre une heure pour voir un ours », explique Serge. A leurs risques et périls : « Une fois, on s'est retrouvé face à un ours, il ne nous avait pas vus. Il s'est mis sur ses deux pattes, il avait aussi peur que nous. »
     Mais les deux voyageurs polaires ne se sont pas arrêtés en si bon chemin : cette année, place à l'Antarctique, en voyage organisé de cinq jours. Pour scruter la faune locale : baleines, orques, manchots. Et la splendeur particulière des paysages : « Ici, les glaciers sont différents », précise Jean-Louis. 12h d'images ont alors été recueillies pour un prochain film.
     Et comment le matériel tient-il le coup à -30° ? Selon Jean-Louis, « c'est justement là le problème : la péninsule est en train de fondre. En journée, on était en bras de chemise à +15°. Un vieux capitaine de bateau allemand, qui avait fait le voyage une centaine de fois, me disait : il y a 20 ans encore, notre bateau n'aurait pas pu se rendre jusqu'ici. Aujourd'hui, c'est un boulevard ! »
     Cet habitué des pôles fait le même constat pour l'Arctique : « On a dû se rapprocher à 800 km du pôle nord pour approcher la banquise ». D'où l'idée d'une conférence sur le réchauffement climatique. « Dire aux gens qu'il fait trop chaud ce mois de novembre, tout le monde le sait. Mais il faut aussi voir ce qui se passe ailleurs. »
     Ailleurs, il se passe aussi de belles rencontres. Et il y a « l'écoute du silence. C'est là qu'on se rend compte qu'on est petit sur cette planète », selon Jean-Louis. « Surtout par rapport aux icebergs ! » renchérit Serge.
     Voyages en quête de silence et d'images qui se poursuivra peut-être bientôt en Sibérie. Car d'ici là, leur passion de la glace n'aura sûrement pas fondu.

    Emmanuel Viau

    Vendredi 24 novembre. Sur France 3 Alsace à 10h50 dans l'émission « C'est mieux le matin ». Au foyer Saints-Pierre-et-Paul à Hochfelden à 20h : conférence sur le réchauffement climatique, avec la chorale d'enfants du Petit choeur du Pays de la Zorn, sous la direction d'Isabelle Schreiber, accompagnés notamment par le guitariste Ringo Lorier. Jeudi 14 décembre à 20h à la salle de la mairie de La Petite-Pierre : conférence sur le réchauffement climatique et projection d'un documentaire sur l'ouest canadien et l'Alaska.

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