• Me voilà donc en Colombie Britannique. La météo est capricieuse, avec une dominante de pluie. Mais ne parle-t-on pas de la "rain-forest", cette forêt primaire et dense, un refuge de la biodiversité comme on aimerait en trouver plus souvent. Les américains ne s'y sont pas trompés: en face, en Alaska, ils ont classé cette forêt Monument National, la "Tongass National Forest".

    Ici, tout prend une autre dimension. Depuis la fenêtre où je suis installé pour rédiger ces lignes, j'envie les cèdres rouges qui s'élancent vers le ciel, et bientôt leur cimes disparaîtront dans la brume matinale...

    L'aigle pêcheur et le colibri à dos orange. Non, il ne s'agit pas d'une fable de Lafontaine. Quoique... La comparaison vaut le détour: le colibri pèse à peine 7g, quand l'aigle atteint 7kg. Le premier se nourrit de nectar de fleurs (et du sirop que je leur mets à disposition), le second est un omnivore, qui attend avec impatience l'arrivée des saumons. Dans l'intervalle, il survole la vallée à la recherche de quelque animal tué par une avalanche.

    Le colibri a fait toute la route depuis le golfe du Mexique, pour venir se reproduire ici. La saison sera courte et la tâche épuisante: imaginez cet oiseau-mouche en train de construire son nid de la taille d'une tasse à moka, de couver un oeuf unique, et de s'empresser de chercher la nourriture pour sa progéniture. Le matin, il doit attendre que l'air se réchauffe avant de pouvoir "décoller", et vous pouvez l'approcher à deux pas, tant il est engourdi.  

    L'aigle, le roi des airs, fait moins dans la finesse. Son nid fait de branches, d'herbes et de terre pèse allègrement la demi-tonne! Il restera en service année après année, du moins tant que l'arbre qui le supporte tiendra le coup. Car un couple sera toujours fidèle au même endroit, et chaque année il consolidera le nid existant. Généralement, le couple élève deux petits, dont un seul survivra. Ici l'abondance et la facilité d'accès à la nourriture -je veux parler du saumon-, augmente le taux de réussite et deux jeunes sont la règle.

    Comparativement, le colibri est nettement plus courageux que l'aigle, qui se contente de migrer entre la côte Pacifique à 200 km de là et Meziadin Lake, selon les saisons. Mais au fond, chacun fait ses choix en fonction de sa constitution, de ses besoins, et l'on voit mal le beau mais fragile colibri passer Noël en Alaska!

    Pour les ours, c'est une autre histoire. Eux, Noël, ils ne connaissent pas, et pour cause. Ils hibernent au fond de leur tanière, en attendant des jours meilleurs. Voilà un rythme qui plairait à certains: six mois de bombance, d'excès de nourriture, d'amour et de grand air, suivis de six mois de repos bien mérités. Pour l'heure, ils sont hyperactifs: les journées sont longues -lever du soleil vers 5h00, coucher vers 22H30- et s'alimenter prend du temps. En attendant les saumons, les ours se nourrissent de baies. Ce matin, j'ai goûté les "salmon berries", une framboise de la taille et de la couleur d'une fraise, au goût incomparable.

    A suivre (donnez-moi deux jours...)


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