• Saverne
    Invité du dimanche / Jean-Louis Imbs
       
    Dans la peau de l'ours
    Il trimballe son bâton de pèlerin et défend localement la cause d'un ours polaire qu'il s'apprête à retrouver sous peu sur une banquise malmenée par le réchauffement climatique. La terre va mal et Jean-Louis Imbs invite l'homme à réagir.
    « Il faut réapprendre à marcher sur la pointe des pieds pour ne pas abîmer la terre », soutient l'habitant de Weinbourg. A son âge, 55 ans, certains auraient déjà pris leur retraite. Mais la trajectoire de Jean-Louis Imbs est toute autre. Ce natif de Mackwiller a longtemps sévi dans la grande distribution comme chasseur de têtes et conseiller en recrutement. Et puis voilà qu'il y a 10 ans il s'éprend soudainement de l'ours blanc.
     Embarqué dans un bateau de tourisme polaire, notre bonhomme découvre le grand Nord et frissonne pour le Groenland. « Et là c'est le virus. On ne le maîtrise pas, ça prend au plexus ». Puis cette même "séquence émotion" se répète d'année en année. Les voyages s'enchaînent -entre Arctique et Antarctique aussi- et la reconversion prend forme. Jean-Louis Imbs devient naturaliste et conférencier lors de croisières en terres polaires. Son public ? Des personnes âgées et sans doute aisées car ce périple n'est pas donné. Mais ce sont autant de témoins d'un spectacle certes magique mais qui au fil du temps se dégrade fatalement.
     Jean-Louis Imbs est aux premières loges. Il concentre son attention sur l'Arctique et le Groenland -où le réchauffement climatique prend toute sa dimension- pour aller au chevet de cet ours blanc qui aujourd'hui cumule les handicaps. Le diagnostic est sans appel : « La banquise n'est plus assez solide si bien qu'aujourd'hui les ours, pourtant bons nageurs, se noient. Et puis il y a une tendance au cannibalisme: de vieux mâles affamés, mangent les oursons ». « Dans les régions polaires tout est à la limite de la survie », ajoute notre écolo dans l'âme qui, dans le grand froid, touche du doigt, là où ça fait mal. La pollution y fait également des siennes, « à tel point qu'on trouve maintenant des ours hermaphrodites avec un pénis et un utérus », soutient-il, preuves scientifiques à l'appui.
     Bref, si la terre boit la tasse, c'est d'abord l'ours qui trinque. « Les ours polaires doivent être considérés comme des sentinelles qui alertent l'homme sur les conséquences néfastes de ses actes », explique Jean-Louis Imbs en tentant de réveiller les consciences. Mais à quel titre agit-il de la sorte ? « Je ne suis ni politique ni scientifique ». Mais plutôt un « autodidacte », un naturaliste qui observe et témoigne.
     Un « missionnaire » qui balaye déjà devant sa porte et qui, depuis quelques mois, tente de frapper aux bonnes portes pour défendre son cheval de bataille. « Vous êtes qui et vous représentez qui ? », interpellent certaines collectivités. « Je représente moi-même et les ours », rétorque l'intéressé en quête d'une salle faisant écho à sa cause. Preuve s'il en est qu'il n'est guère facile d'évoluer en électron libre surtout quand on s'attaque à l'homme. Mais, s'il est un public assurément plus réceptif, c'est bien les enfants. Jean-Louis Imbs enchaîne donc les interventions dans les écoles où le triste sort de l'ours polaire touche au coeur inévitablement.
     Cette semaine à Dossenheim il tentera aussi de convaincre les parents avant de finalement rejoindre les aînés pour de nouvelles croisières en terres polaires à la fin du mois de janvier et cet été. Car petits comme grands, même s'ils ne veulent certainement pas la peau de l'ours, tous risquent à terme de le tuer.

    David Geiss

    Jeudi 17 janvier. A 20 h, salle de la Zinsel à Dossenheim, Jean-Louis Imbs animera une conférence sur le réchauffement climatique et le développement durable avec débat et projection d'un film tourné en Antarctique.Plus d'infos sur http ://polaris.oldiblog.com

    Édition du Dim 13 jan. 2008

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